Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, l’Académie des sciences et belles-lettres de Berlin fut un pivot des échanges et transferts intellectuels au sein de l’Europe francophone et germanophone. Elle ne fut pas seulement l’unique institution royale majeure à englober les sciences naturelles, les mathématiques, la philosophie spéculative et la littérature. En raison des options culturelles de Frédéric II et de la présence d’une importante communauté huguenote à Berlin, l’Académie mena ses travaux principalement en français. Toutefois, malgré la prédilection linguistique du roi, l’Académie de Berlin ne fut pas un bastion français dans le Brandebourg-Prusse. Elle stimula des transferts multilatéraux et réciproques, comme je le démontre en étudiant les questions mises au concours par l’institution sous le règne de Frédéric II. Si le prix annuel fut parfois décerné à des auteurs français de premier plan, l’Académie reconnut aussi fréquemment l’originalité d’intellectuels allemands – diffusant leurs ouvrages et leur valeur au lectorat francophone dans toute l’Europe.